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SAMAYA x LEO BILLON

L’EXCEPTIONNELLE TRILOGIE DES DRUS, DROITES ET GRANDES JORASSES

 

 
Le 28 janvier 2024, les deux alpinistes chevronnés Léo Billon et Benjamin Védrines se sont lancés à la poursuite de l’enchaînement des mythiques Drus, Droites et Grandes Jorasses. Pour Samaya, Léo relate ce pari fou, les conditions du terrain surprenantes et la force du duo.
 
« L’hiver dernier, on avait fait les Grandes Jorasses par la Gousseault Desmaison à la journée depuis Chamonix. Cette bambée nous a permis d’entrevoir des possibilités d’enchaînements assez techniques. On s’est penchés sur la question et de façon presque évidente, on a eu envie d’enchaîner trois voies dans le massif du Mont-Blanc, a priori les faces nord un peu emblématiques dans lesquelles il se passe toujours des choses intéressantes : les Drus, les Droites et les Jorasses. On a affiné notre parcours en choisissant des passages avec des difficultés techniques. On a été servis !
 
Globalement, on a eu beaucoup de bonnes surprises, notamment au niveau des conditions dans les Drus et les Droites. Pour les Jorasses, c’était l’inverse. Tout était très sec. L'itinéraire dans lequel on s’est engagés avait peu ou pas de conditions de glace et de plaquage, ce qui est plutôt inhabituel pour l’endroit. On s’attendait à ces conditions, mais pas au point que le rocher soit aussi mauvais et que ça soit aussi délicat pour évoluer.
 
C’est dans cette face que nous avons subi le moment le plus délicat. On s’est perdus, on ne trouvait pas par où passer. On essayait une fois à gauche, puis à droite, sans succès. On pensait ne jamais s’en sortir. On a basculé dans un mode de tension duquel il fallait impérativement que l’on s’extirpe. On a fini par forcer un passage pour reprendre l’itinéraire. Ces allers-retours nous auront coûtés deux heures.

 

 
Dans ces moments-là, on n'a pas vraiment d'autre choix que de chercher des solutions. Et puis, aussi, on s’entraîne pour faire face à des moments comme ceux-là. On est conditionnés à essayer de trouver des solutions, à résoudre le problème. Finalement, aller en montagne, c'est déjà s’enfoncer dans des problèmes. Mais c’est aussi ça qui nous plaît : trouver des solutions dans ces moments de tension. Cela ne veut pas dire que nous n’avons jamais de doute, mais plutôt qu’on essaye de rester positif et objectif pour voir quelle option s'offre à nous.
 
On n'est pas de très forts techniciens en dry, d’ailleurs on n’en fait quasiment jamais. Ma dernière sortie en dry remonte à l'année dernière, dans la Gousseault Desmaison dans les Jorasses, avec Benjamin. Et la fois précédente, c’était encore l'hiver d'avant. C’est un peu le rendez-vous annuel. Concrètement, ce sont des itinéraires techniques pour de l'alpinisme, qui restent accessibles, dans une certaine mesure. Disons qu’il s’agit plutôt d’un cumul de facteurs, sur la technicité, l'engagement, la gestion de la fatigue et du temps long, mais aussi l’expérience de savoir fonctionner ensemble.
 
Mentalement, c'est un peu pareil. Aller dans des projets ambitieux, c’est quelque chose que l’on met en œuvre tous les deux depuis quinze ans. Ça se fait plutôt naturellement. Il y a d’abord la phase de création du projet et de l'objectif, que l’on a déterminé et affiné ensemble. On se projette dedans, on réfléchit aux détails, on imagine ce qui pourrait se passer, le temps que l’on pense mettre. Ce processus est beau, il passe par beaucoup d'imaginaire et de visualisation.

 

 
Avec Benjamin, on commence à bien se connaître mutuellement et individuellement. Sur des itinéraires tels que ceux-là, qui sont référencés, on arrive à se projeter assez précisément sur les temps que l’on va pouvoir mettre, notre vitesse, les difficultés que l’on pourrait rencontrer. Et puis depuis qu'on grimpe ensemble, on fait évoluer nos projets, avec toujours cette petite culture d'enchaînement qu'on fait grandir petit à petit depuis 15 ans. A chaque sortie, on se disait : « cette fois, on va finir de nuit ». Jusque-là, c’est ce dernier enchaînement pour lequel c’est vraiment arrivé.
 
Avant, on avait cette petite blague de se dire qu’on avait enfin trouvé un projet dans lequel on allait vraiment en chier et finir de nuit. Mais à chaque fois, tout se passait bien et il faisait encore jour au sommet.
 
Ça nous est encore arrivé l’année dernière, en haut des Jorasses, en sortant vers 16 heures ! On n’avait pas pris de lunettes de soleil parce qu'on avait prévu d’arriver vers 22 heures. C’est à chaque fois comme ça. C’est un peu fou, mais ça déroule et c’est presque déstabilisant. C’est assez paradoxal, par rapport à ce qu’on s’imagine en partant.
 
Pour cette sortie, on savait qu’on allait certainement finir de nuit, mais si on ne s’était pas perdus, on aurait pu finir de jour.

 

 
Beaucoup de gens pensent qu'on fait beaucoup de corde tendue, mais en réalité on a dû faire au maximum deux fois 70 mètres de corde tendue, avec une corde de 60 mètres, uniquement sur les parties vraiment très faciles. Finalement, on ne grimpait pas bien différemment de nos ascensions sur 2 jours par exemple. Aussi, on est assez à l'aise dans la difficulté, ce qui nous permet de grimper assez rapidement, tout en se protégeant correctement. Dans notre progression, le second essaie d’aller très vite. On est assez efficaces pour faire les relais, pour trouver les protections, pour se passer le matériel et pour effectuer tous les petits moments de transitions sans perdre de temps.
 
Ensuite, on est légers. Le premier grimpe avec quasiment rien et le second avec encore moins. C’est le ratio entre la légèreté et l’efficacité.
 
On est bien habillé, avec un collant, un pantalon doudoune et une GoreTex pour le bas, et pour le haut, on a plusieurs couches composées d’une grosse doudoune, de 2 litres d’eau par personne et par jour et d’à peu près 400 grammes de nourriture par personne, ainsi qu’une petite pharmacie.
 
Sur le dos, on se retrouve approximativement à 1,5 kilogramme. Si notre sac pèse déjà 400 grammes, cela équivaut à 30% du poids juste pour le contenant, donc c'est un peu dommage. Avec mon sac Samaya de 70 grammes, c’était top !

 

 
Quand on est arrivés au sommet, c’était un peu étrange. En haut des Jorasses, on était un peu fatigués, mais pas du tout exténués. Depuis 15 ans avec Benjamin, on a vraiment cette culture des enchaînements, d’aller dans des choses qui nous paraissent ambitieuses et à chaque fois qu'on finissait la course, il y avait un autre projet qui émergeait. Cette fois-ci, arrivés là-haut, on s’est tous les deux demandés ce que l’on allait bien pouvoir faire maintenant.
 
Mais en revanche, on était hyper contents de ce qu’on avait fait. C’est un peu à ce moment-là que j’ai réalisé ce que ça représentait. Je ne m’étais pas tellement projeté et en sortant là-haut, j’étais heureux d’avoir pu faire ce beau parcours.
 
La question que je me pose désormais est vers quoi me tourner maintenant ? Il y a d’autres projets qui m’appellent… »

 

 
©Photographies réalisées par Benjamin Védrines @benjaminvedrines

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