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Samaya x Vadim Druelle

À L'ASSAUT DU KANGCHENJUNGA

 

 
Après son premier exploit au Manaslu en 2021, Vadim Druelle marque une nouvelle fois l’histoire de la haute montagne. En mai 2023, il réalise l’ascension du Kangchenjunga au Népal, mythique sommet de plus de 8500 mètres, en one push et sans oxygène. De retour dans les Alpes, Vadim nous raconte son expédition mémorable, avec ses mots et son ressenti.
 
Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans cette expédition, à cet endroit et comment t’es-tu préparé ?
 
Vadim Druelle : Pour moi, cette montagne était un peu un rêve. Je voulais absolument aller là-bas, qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il neige, peu importe, je voulais y mettre les pieds, même si je n’atteignais pas le sommet. C’est une des montagnes les plus sacrées parce qu’elle est interdite depuis l’Inde. Il n’y a personne là-bas, elle est très sauvage. Je m'étais fait une entorse dans l'hiver et je n’ai pu faire qu’une ou deux semaines de préparation, j'ai donc fait 6000 mètres de dénivelé en une semaine pour m’entrainer un peu.
 
As-tu eu des moments de doute ?
 
VD : J’ai douté parce qu’on a fait une première tentative où l’on s’est trompé de voie, donc on a perdu énormément de temps et d’énergie. Sauf qu’à 8200 mètres d’altitude, c’est tellement physique qu’on ne s’amuse pas à faire des allers-retours. Quand j'ai atteint le sommet, c’était particulier parce que je suis parti directement du camp de base alors que les autres étaient partis depuis trois jours, en progressant camp par camp. J’étais seul, j’ai dû refaire la trace et je me disais que c’était foutu, surtout que 50 km/h de vent était annoncé pour le lendemain à 8h. Mais je me suis dit qu’il fallait quand même tenter, je n’avais que 20kg sur le dos. Je suis parti super tôt et je suis arrivé vers 18h30 au camp 4, j'ai vite mangé et me suis fait de l'eau, parce que je voyais les frontales, au loin, déjà très hautes. J’ai eu mal à la tête, ça m'avait bien fatigué de faire la trace. J'ai fait un gros travail de respiration, j’ai ralenti la cadence pendant deux heures et mon mal de crâne est passé. J’ai pu commencer à aller plus vite et à 8400 mètres, j’étais à 350 mètres par heure, je ne m’y attendais pas du tout. Et puis je suis finalement arrivé au sommet !
 
Après tant d'énergie dépensée et de dépassement de soi, qu'est-ce que tu ressens quand tu arrives enfin là-haut ?
 
VD : J'étais super content, je regardais de tous les côtés, c’était magnifique, même si sur le coup tu ne te rends pas trop compte. Je ne suis pas resté longtemps, seulement 15 minutes, il faisait extrêmement froid, j’étais gelé. Il fallait vite que je redescende, tout en restant très concentré et lucide malgré la fatigue.

 

 
Comment gardais-tu la communication avec l’extérieur ?
 
VD : J’utilisais le téléphone satellite, avec 160 caractères maximum et les messages qui arrivaient tout en décalé. C’est ma sœur Keva qui réceptionnait tous mes messages.
 
Keva Druelle : Je recevais des petits messages que je transférais à tout le monde. Pour leur première tentative, la communication s’était bien passée, mais pour la seconde, il était censé arriver à 7h au Népal, soit 3h du matin pour nous, mais on n’a reçu son message d’arrivée au sommet qu’à 6h30. On était angoissé. Ça a été un vrai soulagement lorsque le message est enfin arrivé !
 
On peut imaginer. As-tu des projets pour la suite ?
 
VD : Peut-être faire les quatorze 8000 mètres, toujours en one shot. Après, gravir des montagnes moins hautes mais avec des copains. Et puis c’est ce que j’écrivais quand j’étais au camp de base, comme pour le Manaslu et le Kangchenjunga, il faut avant tout que la montagne te choisisse et qu’elle t’anime.

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